LA CHARTE DE KOUROUKAN-FOUGA : LA CONSTITUTION DE L’EMPIRE MANDINGUE

« L’histoire des peuples africains est tout aussi riche en enseignements. Les mandingues avaient érigé un ensemble de règles juridiques qui guidaient les rapports et la vie en société. Elles ont été proclamées en 1236 par l’empereur du Mandén (Sondjada Keïta, 1190-1255) à Kouroukan-Fouga (plaine située à Kâaba à la frontière entre le Mali et la Guinée-Conakry). Elle fut la constitution de l’empire mandingue (appelé aussi empire du Mali). Classée patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’Unesco en 2009, cette charte au-delà de ce statut culturel, est une véritable valeur juridique dont les pays mandingues directement concernés devraient s’inspirer ». Cette introduction est en partie tirée des travaux de Moussa Fanta KOUROUMA, Doctorant en droit. LA CHARTE DE KOUROUKAN-FOUGA : SIMPLE PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL DE L’HUMANITÉ OU UN TEXTE JURIDIQUE QUI DEVRAIT INSPIRER ?

Après la bataille de Kirina et la capitulation sans condition du royaume de Sosso, les Mandenka (Les peuples originaires du Manden) et leurs alliés se réunirent en 1236 à Kouroukanfouga où ils adoptèrent de façon consensuelle une Charte pour régir la vie de ce qui va plus tard s’appeler L’EMPIRE DU MALI. Cette Charte ou la Constitution Mandingue transmisse oralement par BALLA FASSEKE KOUYATE comporte essentiellement 44 articles.

La société Mandingue est organisée de la façon suivante :

MANSA SI NANI : les 4 familles royales sont : DAON-KOULIBALY-KEITA-KONATE

TONTADJON TANIWORO: les 16 porteurs de carquois sont : TRAORE-KOUROUMA-DIABATE-DEMBELE-CISSOKO-KAMISSOKO-SINAYOKO-FOFANA- NEITA- KOITA-CHERIF- OUATTARA-CONDE-DANSOKO-CAMARA-OUEDRAOGO.

MORIKAN DA LOOROU : les 5 familles de marabouts sont : DIANE-BERETE-TOURE-CISSE-SYLLA

NYARA NANI ou NYAMAKALA NAANI : les 4 médiateurs du Mandingue sont

DJON MOGO KELEN : la classe des esclaves (prisonniers de guerre ou esclave acheté)

Le poste de conseiller personnel du roi est octroyé au DJELI

Les cinq familles de marabouts sont chargées de l’Education Islamique au Mandingue.

Le Chargé de mission ne risque rien au Manding

Le Manding est une terre d’hospitalité ; ne faites donc jamais de tort à l’étranger

Un étranger ne peut régner

L’étranger peut cependant arbitrer s’il a un bon comportement

Ne faites pas travailler l’esclave comme un animal, car c’est un être humain tout comme vous.

Chacun a droit à la vie. Tout homicide volontaire doit être puni par la peine de mort

Adressons-nous mutuellement les condoléances

Venons en aide à ceux qui en ont besoin

Respectons la consanguinité, l’alliance et le voisinage

La mort est préférable au déshonneur. La vérité est préférable au mensonge. Le refus est préférable à la trahison

Tout mensonge qui dure plus de 40 ans doit être considéré comme une vérité.

L’avertissement précède la sanction ou la guerre au Manding

Ne poursuivez pas chez le voisin ni votre femme, ni votre enfant, car ceci est une violation de domicile.

Associons les femmes dans les prises de décisions

Les rivalités entre les coépouses ne doivent en aucun cas affecter les enfants ; car issus d’un même père.

La succession est patrilinéaire. Ne donnez jamais le pouvoir à un fils tant qu’un seul de ses parents(père) vit

Respectons le droit d’ainesse

Au Manding ne rien sous-estimer et ne rien sur-estimer.

L’éducation des enfants doit être la préoccupation de toute la société.

Les personnes (hommes, femmes) nées au cours d’une période de 3 années consécutives sont de la même classe d’âge.

La jeune fille peut être donnée en mariage dès l’âge de la puberté (12 à 16 ans) selon le choix du père.

Le jeune homme peut se marier à l’âge de 20 ans.

Un HORON (homme libre) peut se marier à une esclave ; l’enfant issu de cette union est un affranchi.

Un esclave ne peut pas se marier à une HORO (femme libre) car leur enfant sera esclave ; ce qui n’est pas plausible au Manding

Un TONTIGUI (autorité) peut se marier avec une NYARA (sauf les FINA qui sont endogames) sans la contraindre à abandonner son rôle de NYAMAKALA. De même qu’un NYARA peut se marier avec une TONTIGUI.

Le Manding n’étant pas riche, la dot est fixée a seulement une vache.

Le divorce a lieu en cas de folie, d’impuissance sexuelle du mari et son incapacité de subvenir aux besoins de sa femme : nourriture, santé, logement, habillement et le respect de ses parents ; et doit se dérouler hors du village.

Etancher sa faim dans le champ d’autrui n’est pas un vol si on n’en emporte rien dans son sac.

Le détournement, le vol et l’adultère sont des actes à punir publiquement.

Il y a cinq (5) façons d’acquérir la propriété : l’achat, le don, le travail, l’échange et l’héritage.

Tout objet retrouvé sans propriétaire ne devient propriété commune qu’au bout de 4 ans.

La quatrième mise bas d’une vache confiée est la propriété du gardien.

Un bovin doit être échangé contre 4 chèvres ou 4 moutons.

La terre appartient aux CAMARA et le pouvoir aux KEITA.

Le Manding est essentiellement agricole, la fertilité du sol dépend de l’eau et la pluie dépend des arbres. Alors préservons la flore et la faune.

Les animaux domestiques doivent être attachés au moment des cultures et libérés après les récoltes.

Mieux vaut quitter le village que vouloir changer ses mœurs.

Le devise du Manding est : Travail-Justice-Savoir.

Créer aux différentes frontières des garnissons militaires pour la sécurité de l’empire.

Tous ceux qui enfreindront à ces règles seront punis. Et les Chargés de veiller à leur application sont les TOMBOLOMAN.